Douze Février : Julie Bourges, du drame à l'inspiration sur Instagram

13 décembre 2023 à 11h49 par Nicolas Fabiani

Julie Bourges, alias "12 Février" sur Instagram, est une jeune femme qui a transformé son tragique accident en une source d'inspiration pour ses 643 000 abonnés. Malgré les séquelles de brûlures sur 40% de son corps, elle mène un combat quotidien pour l'acceptation de soi.

Douzefevrier

Le 8 décembre, au FDI Stadium de Montpellier, s'est tenu un défilé de mode organisé par l'association "Espoir SLA". Cet événement, conçu par Simon Ledun, président et cofondateur de l'association, avait pour but de soutenir les familles affectées par la maladie de Charcot. Simon, âgé de 28 ans, a été personnellement confronté à cette maladie à travers le diagnostic de son père. La création de "Espoir SLA" résulte de cette expérience familiale et de la volonté de transformer un combat personnel en un engagement plus large.

Julie Bourges, connue sous le pseudonyme Douze Février et marraine de l'association, a également participé à l'événement, partageant son histoire personnelle et reflétant l'esprit de solidarité et de soutien de l'association.

L'interview de Nico - Julie Bourges alias Douze Février

Première question, 12 Février, c'est ton pseudo et ce n'est pas par hasard, peux-tu nous expliquer ?

Julie Bourges (Douze Février): Je suis ravie de faire ce petit portrait avec vous. Le 12 Février n'est pas un hasard, c'est la date de mon accident. À 16 ans, j'ai été brûlée sur 40% du corps au 3ème degré, dans un costume fait maison pour le carnaval. En fumant une cigarette, mon costume s'est enflammé. S'en est suivi 3 mois de coma artificiel, 3 mois de rééducation, un an avant de retrouver une autonomie, et une vie pour l'acceptation et le changement sur mon corps.

Cela se passe en quelle année ?

Julie: Ça se passe en 2013, donc ça fait 10 ans.

 

De manière très concrète, après 3 mois de coma, comment as-tu réagis en apprenant ce qui t'est arrivé ?

Julie: En fait, se réveiller du coma c'est faire face à la gravité de ce qui m'est arrivé. Ce qu'il faut savoir, c'est que le 12 février 2013, lors de mon accident, je n'ai pas du tout perdu connaissance, donc je me rappelle à 100% de tout ce qui s'est passé, bien que le cerveau fasse des tris pour nous protéger. Quand je me réveille et qu'on me met un miroir devant les yeux, je réalise la gravité de ce qui m'est arrivé. J'avais 16 ans, j'étais gymnaste de haut niveau, avec les cheveux longs, et là, tout mon corps est devenu un complexe.

On m'avait rasé la tête, ma peau brûlée sur 40% du corps, je me voyais livide, bandée de la tête aux pieds. À ce moment, je réalise surtout tout le chemin que je vais devoir faire pour me réaccepter. Ça me faisait peur parce que je découvrais les brûlures sur mon corps, chose que je n'avais jamais vue auparavant, et je me demandais quel serait mon avenir, comment j'allais faire avec les garçons, à un moment où on se découvre surtout dans la vie d'une femme.

 

A quel moment tu reprends espoir ?

Julie: Je pense que je reprends espoir assez vite parce que je suis très entourée, et ça, c'est ma chance. Je pense que dans ces moments tragiques, quand on est entouré, quand on a la chance d'être entouré comme ça, c'est là qu'on trouve l'espoir.

Même si je n'avais pas confiance en l'avenir, j'avais confiance en eux. J'aimais ma famille, ma famille m'aimait, j'aimais mes proches, et j'avais besoin très vite de retrouver cette autonomie pour leur faire du bien, parce que j'ai vite compris, même à 16 ans, que cet accident m'impactait moi, physiquement, mentalement, mais qu'il impactait aussi ma famille.

 

Les réseaux sociaux t'ont-ils aidé ?

Julie: Bien sûr, moi je n'ai pas peur de dire qu'au moment où je commence les réseaux, je n'ai pas nécessairement pour volonté d'aider les autres, mais j'ai la volonté de démocratiser mon message. J'ai envie de montrer que les brûlés existent. A ce moment-là,  je vis sur la Côte d'Azur et les regards sont hyper pesants, il y a une vraie notion de paraître. J'ai besoin de comprendre pourquoi les gens me regardent comme ça, et les réseaux c'est un moyen en fait de libérer mes mots, je protège beaucoup ma famille, je protège mes amis. Les réseaux, c'est un journal intime. Quand je me suis rendu compte que mon combat aidait d'autres personnes, c'est là que je me suis dit qu'il y a peut-être moyen de donner du sens à ce qui m'est arrivé.

Concernant ma communauté, j'ai eu la chance d'avoir, et d'avoir encore d'ailleurs, une communauté qui est incroyable. Je pense que quand on se lance sur les réseaux et qu'on est sincère, qu'on est soi-même, qu'on ne surjoue pas, je crois vraiment que les gens l'entendent et le comprennent. Moi, j'ai toujours eu des retours ultra positifs, et bien sûr que ça m'a fait du bien. C'est ça qui m'a permis de m'élever, et plus encore, même de m'accepter, parce qu'aujourd'hui dans la rue, si on me regarde parce qu'on m'a reconnu de la télé, des réseaux, des interviews, ou si on regarde juste mes cicatrices , il n'y a rien de mieux pour s'accepter que de ne pas savoir pourquoi on nous regarde.

 

Quel est le contenu que tu proposes aujourd'hui ?

Julie: Mon contenu c'est de l'acceptation de soi, de la bienveillance, de l'humour sur ce qui m'est arrivé, et beaucoup de lifestyle. Je voulais ouvrir mon message à tous, pas uniquement aux Grands Brûlés.

 

Peux-tu nous parler de ton livre ?

Julie: Oui, j'ai écrit un livre intitulé « Chaque jour compte », sorti en février 2023, donc pile quasiment 10 ans après mon accident. C'est tout ce que la vie m'a enseigné en 10 ans, sous plein de formes. C'est un livre qu'on peut remplir au jour le jour, et qui fait du bien.

D'ailleurs, c'est trop marrant, j'ai une petite fille qui est venue me voir avec le livre hyper abîmé. Elle le remplit tous les jours, elle l'a amené à Madagascar, et je trouve que c'est trop bien de pouvoir avoir son petit accompagnement de développement perso à portée de main.

 

Tu es marraine de l'association ESPOIR SLA, peux-tu nous parler de ton attachement à cette association ?

Julie: Shop Espoir, la marque, a été créée par Simon Ledun pour son papa atteint de la maladie de Charcot. Depuis 2019, je suis marraine des défilés engagés de Shop Espoir. Je me suis attachée à cette histoire, et aujourd'hui, c'est un plaisir d'être là et de soutenir cette cause.

Pour en savoir plus :

Pour en savoir plus sur Julie Bourges et son parcours inspirant, nous vous encourageons à la suivre sur ses réseaux sociaux sous le pseudonyme @DouzeFévrier.

Le livre de Julie, « Chaque jour compte », est disponible à l'achat chez tous les libraires proche de chez vous.

Vous pouvez également découvrir et soutenir l'association "Espoir SLA" et leur marque "Shop Espoir" en visitant https://www.shopespoir.com/