Festival Off d’Avignon. Richard Gotainer : "Mon spectacle, c’est un ping-pong vivant entre les mots et la musique"

Avignon – Il est une figure iconoclaste de la chanson française, maître des jeux de mots, poète loufoque et showman inclassable. Richard Gotainer est à l’affiche du festival OFF d’Avignon avec son nouveau spectacle « Gotainer ramène sa phrase », qu’il joue à La Luna jusqu’au 26 juillet (relâche le 21). À quelques heures de sa deuxième représentation, il nous a accordé quelques minutes pour parler de cette création aussi originale que réjouissante.

Brice Delage et Richard Gotainer dans une pièce unique en son genre.

RTS : Richard Gotainer, bonjour, merci d’être avec nous. Vous jouez votre nouveau spectacle pendant 11 jours au festival OFF d’Avignon. La première avait lieu hier soir… alors, comment ça s’est passé ?


Richard Gotainer : Eh bien écoutez, quand un spectacle se termine par une standing ovation, comment dire… On peut considérer que ça s’est plutôt bien passé, non ? (rires) Toute l’équipe, technique comprise, était un peu fébrile avant la première. On n’est pas "chez nous", on débarque dans un théâtre qu’on ne connaît pas, on croise les doigts pour que tout fonctionne. Et finalement, tout a roulé. L’équipe de La Luna est formidable, elle nous a beaucoup aidés. On était vraiment contents du rendu, et surtout, le public a été extraordinaire. Il réagissait au quart de tour. C’est un bonheur immense.


Ce nouveau spectacle a une forme assez inédite. Expliquez-nous.


C’est un format que, à ma connaissance, personne n’a encore exploré : je joue les textes de mes chansons… sans les chanter. Je les interprète comme des histoires, à la manière d’un conteur. Mais attention, ce n’est pas une soirée de poésie sombre, avec un pull noir sur fond noir ! C’est très vivant. Je suis accompagné par Brice Delage, un guitariste exceptionnel, une vraie bête de scène, qui adore faire des bruitages avec sa guitare. Ce duo fonctionne comme une mécanique bien huilée. Le spectacle, c’est un ping-pong permanent entre lui et moi. Ce n’est pas un "seul en scène", je n’aurais pas aimé cet exercice-là. Il y a une vingtaine de tableaux, chacun basé sur une chanson, mais dans une mise en forme totalement nouvelle. C’est drôle, vivant, rythmé. Et le public se marre autant que nous sur scène.


Ce spectacle s’adresse donc autant à votre public fidèle qu’aux plus jeunes ou à ceux qui vous découvrent ?


Absolument. Bon, je dirais que ça commence à partir de 8 ans, en dessous c’est un peu compliqué, notamment parce qu’il faut une certaine attention aux mots, et certains sujets ne sont pas forcément enfantins. Mais il n’y a pas besoin de connaître mon répertoire. Certains viennent avec mes chansons en tête, d’autres me découvrent. Et tous trouvent leur compte, car les textes existent pleinement sans la musique. C’est une autre façon de les entendre, de les goûter.


Comment est née cette idée de mise en scène si particulière ?


Tout a commencé pendant le confinement. Pour amuser mes amis sur les réseaux, j’ai joué un de mes textes à voix nue, sans musique. Juste les mots. Les retours ont été enthousiastes, alors j’en ai fait un deuxième, un troisième… jusqu’à six. Et là, des millions de vues ! Je me suis dit : tiens, il y a peut-être un vrai concept de spectacle derrière ça. Mais attention, je ne voulais pas faire de la récitation. Ce n’est pas mon truc. J’aime que ça vive, que ça bouge. J’ai eu la chance de rencontrer ce guitariste, fan de la première heure, qui connaît presque mieux que moi mes chansons. On a bossé ensemble pendant neuf mois. On a vraiment conçu une mécanique de précision, mais sans prise de tête. C’est un spectacle facile à suivre, et surtout, fait pour rire. Ce n’est pas un spectacle cérébral, c’est du spectacle vivant, joyeux, dynamique.


Vous jouez tous les soirs sauf le 21… comment on gère dix représentations en onze jours ? Vous avez une routine ?


C’est pour moi l’exercice le plus exigeant. Je joue à 21h25, un horaire qui bouscule complètement le rythme naturel. Il faut gérer le sommeil, les repas à des heures décalées, économiser son énergie. Je bouge beaucoup pendant le spectacle, c’est physique ! Donc oui, j’adopte une routine presque monacale. Pas de balades dans Avignon, pas d’excès. Toute mon énergie est concentrée sur l’heure et demie où je suis sur scène. C’est une discipline, mais c’est aussi un plaisir immense.


Merci Richard Gotainer, et excellente continuation à Avignon !


 


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Publié : 17 juillet 2025 à 16h20 par
Corentin Aubry