Le port de Marseillan, 2 500 ans d’histoire

Marseillan, ville portuaire de l’Hérault, a été fondée par les Phocéens il y a plus de 2 500 ans. Ce port, devenu un carrefour commercial au XVIIIe siècle grâce au Canal du Midi, a connu des périodes de prospérité et de déclin. Aujourd’hui, il allie histoire et tourisme, attirant de nombreux visiteurs tout en préservant son patrimoine. Découvrez son histoire dans un nouvel épisode du Podcast Istoria.

Le port de Marseillan

Crédit : Ville Marseillan


Un port grec aux origines méditerranéennes


Nous sommes en 535 avant notre ère. Des navigateurs venus de Phocée, l’actuelle Marseille, jettent l’ancre dans une baie calme au bord de l’étang de Thau. Ils y trouvent un havre naturel, protégé des vents, idéal pour le commerce et la navigation. Ils installent un comptoir et entament des échanges avec les populations locales. C’est là que naît Marseillan, bien avant qu’elle ne devienne un village.


Les Romains poursuivent l’œuvre, desséchant les marais, structurant les voies, bâtissant les premières infrastructures durables. Le port devient un maillon essentiel entre la Méditerranée, le Rhône et Narbonne. Le nom de la ville, Marcellanum, en est l’écho latinisé, vestige linguistique d’un passé antique encore palpable dans la topographie des lieux.


 


Canal du Midi et âge d’or viticole


Le Moyen Âge voit le village se doter de lieux de culte, d’un château  le château Ermengaud  et d’un esprit d’indépendance affirmé. Dès 1851, Marseillan érige même la première statue de Marianne de France, signe d’une attache précoce aux valeurs républicaines.


Mais c’est au XVIIIe siècle qu’un tournant majeur s’opère avec l’arrivée du Canal du Midi. Grâce au génie de Paul Riquet, Marseillan devient le point d’aboutissement du canal, connectant la ville à Toulouse, à l’Atlantique et à l’Europe. Le port change de visage. Des quais en pierre remplacent les berges, et un véritable boom commercial voit le jour.


Le vin devient le moteur de cette prospérité. Le port se spécialise dans l’exportation de spiritueux comme le Quinquina ou encore le célèbre Noilly Prat, né à Marseillan, dont la réputation dépassera les frontières françaises. Les entrepôts se multiplient, les tonneaux s’alignent, les embarcations voguent vers Bordeaux, Lyon ou l’Angleterre. À cette époque, Marseillan est le deuxième port viticole de l’Hérault, juste derrière Sète.


 


Déclin, résilience et renaissance touristique


Mais cette dynamique s’effondre dans les années 1950 avec la crise viticole. Les entrepôts ferment, les négociants quittent la ville. Le port s’endort. Ce sont alors les pêcheurs locaux qui maintiennent l’activité, entre traditions séculaires et survie économique. Barques usées, filets à la main, ils incarnent la mémoire vivante du lieu.


Dans les années 1970, un nouveau chapitre s’ouvre. La plaisance remplace le commerce. Marseillan relie enfin son étang à la mer grâce à un port de plaisance inauguré en 1973. La plaisance fluviale et le tourisme nautique prennent alors le relais. C’est une métamorphose profonde mais assumée, qui ne tourne pas le dos à l’histoire, mais l’adapte au monde contemporain.


De 2016 à 2019, d'importants travaux redonnent au port une seconde jeunesse : piétonisation, expositions artistiques, miroir d’eau salée… Le cadre change, mais l’âme demeure.


Le port de Marseillan reste aujourd’hui un lieu de vie, de mémoire et de passage, où l’eau salée charrie encore les récits du temps. Entre pierre noire, tradition viticole et reflets modernes, il incarne l’identité d’une ville qui n’a jamais cessé de regarder vers l’horizon.


Et demain ?


Alors que le port continue d’attirer plaisanciers et visiteurs, la mémoire de ses origines reste vive. Entre récits de marins, odeurs de vin et criées discrètes, Marseillan rappelle que son histoire n’a pas commencé par le tourisme — mais bien par la mer. Et que cette mer, parfois calme, parfois tumultueuse, est encore aujourd’hui son plus ancien lien avec le monde.

Publié : 4 août 2025 à 17h36 par Delacoux François-Xavier