Objets connectés : le progrès à portée de main, mais à quel prix ?
Par Daniel Deswel, conseiller litige – UFC Que Choisir de Sète
Crédit : Pixabay - Photo d'illustration
Ils sont dans nos maisons, sur nos poignets, dans nos voitures et même au cœur de nos villes. Les objets connectés font désormais partie intégrante de notre quotidien. Grâce à eux, il est possible d’allumer la lumière depuis son téléphone, de surveiller sa santé en temps réel ou encore d’optimiser la circulation urbaine. Ces appareils promettent confort, efficacité et sécurité. Mais à mesure que cette technologie progresse, des interrogations surgissent sur les risques qu’elle engendre pour notre vie privée, notre autonomie et l’environnement.
Comprendre les objets connectés
Un objet connecté est un objet physique doté de capteurs, de logiciels et de connectivité — généralement via Internet, Wi-Fi, Bluetooth ou encore les réseaux mobiles 4G/5G. Ces composants lui permettent de collecter des données, de les analyser et de les transmettre à distance. L’objectif est de rendre ces objets capables d’interagir entre eux et avec les utilisateurs. On parle alors de l’Internet des objets, un vaste réseau de dispositifs intelligents capables d’échanger des informations en continu.
Des applications dans tous les domaines
Les objets connectés investissent aujourd’hui pratiquement tous les secteurs de la vie. Dans nos maisons, ils participent à l’essor de la domotique : ampoules intelligentes, thermostats connectés, alarmes pilotables à distance, assistants vocaux comme Alexa ou Google Home… Ces équipements rendent la gestion du foyer plus simple et plus intuitive.
Dans le domaine de la santé, ils permettent un suivi plus personnalisé. Les montres connectées, comme la dernière Apple Watch, peuvent détecter des anomalies cardiaques, mesurer la tension artérielle ou encore identifier les troubles du sommeil. Des capteurs non invasifs sont même en cours de développement pour mesurer la glycémie sans piqûre, offrant un espoir aux personnes diabétiques.
Le secteur des transports n’est pas en reste. Les véhicules modernes sont équipés de systèmes de navigation connectés, de diagnostics à distance et, dans certains cas, de conduite semi-autonome. Tesla, par exemple, a récemment lancé la version 12 de son logiciel de conduite autonome, capable de gérer des trajets urbains complexes sans intervention humaine. Parallèlement, les trottinettes et vélos partagés bénéficient d’une géolocalisation précise, de systèmes de blocage automatique et même d’intelligence artificielle pour détecter les comportements à risque.
L’industrie et l’agriculture profitent également de cette transformation. Des tracteurs autonomes, comme ceux de John Deere, peuvent fonctionner sans conducteur, tout en analysant en temps réel les données des cultures. Dans les usines, les capteurs permettent une maintenance prédictive des machines, évitant ainsi les pannes coûteuses.
Les villes intelligentes, ou smart cities, intègrent elles aussi les objets connectés pour améliorer la qualité de vie des citoyens. L’éclairage public peut s’ajuster selon la présence de passants, les réseaux d’eau et d’électricité sont pilotés à distance, et la gestion des déchets devient plus efficace grâce à des capteurs intégrés.
Des avantages certains pour le quotidien
Les bénéfices des objets connectés sont nombreux. Ils apportent un gain de confort évident, en simplifiant des tâches autrefois manuelles. La domotique permet par exemple de gérer le chauffage, les lumières ou la sécurité d’un logement à distance, ce qui facilite le quotidien, surtout pour les personnes âgées ou à mobilité réduite.
Ils permettent aussi une meilleure efficacité énergétique. En ajustant la consommation d’énergie selon les besoins réels, ces dispositifs contribuent à limiter les gaspillages. Dans le domaine médical, ils facilitent le suivi des patients, en particulier ceux atteints de maladies chroniques. Enfin, pour les entreprises, ces objets représentent un levier d’innovation, ouvrant la voie à de nouveaux modèles de production et de services.
Mais des risques à ne pas sous-estimer
Malgré leurs atouts, les objets connectés posent de sérieux problèmes, notamment en matière de sécurité informatique. De nombreux appareils sont mal protégés et peuvent être piratés facilement. Il est ainsi déjà arrivé que des caméras de surveillance soient détournées à l’insu de leurs propriétaires, ou que des données de santé soient volées et revendues.
La question de la vie privée est également cruciale. Ces objets collectent des données très personnelles : nos habitudes de vie, nos déplacements, notre état de santé… Or, ces informations sont parfois utilisées à des fins commerciales, sans que l’utilisateur en soit informé. L’absence de transparence et de régulation favorise une exploitation des données à notre insu.
La dépendance technologique est un autre problème. En cas de panne de réseau, bon nombre de ces objets deviennent tout simplement inutilisables. On en vient à dépendre de la technologie pour des actions aussi simples qu’allumer une lampe ou verrouiller une porte.
Enfin, l’impact environnemental est préoccupant. La fabrication de ces appareils nécessite des ressources rares et polluantes, et leur durée de vie est souvent limitée. L’obsolescence rapide génère une quantité croissante de déchets électroniques, difficilement recyclables.
Vers un avenir toujours plus connecté
Avec l’arrivée de la 5G et l’intégration de l’intelligence artificielle, les objets connectés deviennent de plus en plus rapides, efficaces et autonomes. Des innovations apparaissent chaque jour : des lampadaires capables de mesurer la pollution de l’air, des mangeoires connectées identifiant les oiseaux via l’IA, ou encore des brosses à dents intelligentes analysant notre technique de brossage.
Cette révolution technologique semble inéluctable. Mais pour qu’elle se fasse dans le respect des droits des utilisateurs, des règles strictes doivent être mises en place.
Un encadrement légal renforcé en Europe
Face à ces enjeux, l’Union européenne a adopté en avril 2025 un ensemble de lois visant à mieux encadrer les objets connectés. Désormais, les fabricants ont l’obligation d’assurer la protection des données personnelles et de garantir des mises à jour de sécurité pendant au moins cinq ans après l’achat de l’appareil. C’est une avancée importante pour les consommateurs.
Les conseils de Daniel Deswel, de l’UFC Que Choisir de Sète
Il est essentiel d’adopter une attitude responsable face à ces objets. Avant l’achat, il convient de bien réfléchir à l’utilité réelle du dispositif, à ses interactions possibles avec d’autres appareils, mais aussi aux risques liés à la sécurité et à la confidentialité des données. Après l’achat, il est recommandé de limiter les connexions non nécessaires, d’activer régulièrement les mises à jour logicielles, et surtout, d’utiliser des mots de passe solides et uniques pour chaque appareil.
Les objets connectés annoncent donc une nouvelle ère technologique, celle de l’intelligence ambiante, où les appareils interagissent de manière fluide et autonome dans notre environnement. Ils offrent des perspectives enthousiasmantes pour améliorer notre confort, notre santé et notre sécurité.
Mais cette évolution ne doit pas se faire au détriment de nos libertés individuelles ni de l’environnement. Il est donc crucial de rester informé, vigilant, et d’adopter une consommation numérique responsable. L’avenir connecté se dessine dès aujourd’hui — à nous d’en faire un progrès véritablement humain.
A propos de l’UFC Que-Choisir de Sète
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