Dossier. Pesticides : que risque-t-on quand les tomates françaises deviennent rares ?

Des tomates sous pression

 

En Espagne, les régions d’Andalousie et de Murcie produisent une grande partie des tomates consommées en Europe. L’agriculture y est très intensive, avec des cultures sous serres nécessitant de nombreux traitements chimiques pour protéger les plants. Au Maroc, le climat favorable et les coûts de production plus bas ont permis au pays de devenir un acteur majeur de l’exportation vers l’Europe. Mais les réglementations locales moins strictes encouragent parfois l’usage de pesticides interdits en Europe.

Un résidu de pesticide est une trace de produit chimique, comme un insecticide ou un fongicide, qui reste sur ou dans les fruits après traitement. L’Union européenne fixe des limites pour protéger les consommateurs, mais ces limites ne garantissent pas une exposition totalement sans risque.

 

Des constats inquiétants

 

Les analyses menées par la DGCCRF, l’EFSA ou par des ONG montrent que les tomates espagnoles contiennent souvent plusieurs résidus de pesticides, parfois proches des limites légales. Les tomates marocaines peuvent contenir des substances interdites dans l’Union européenne. Dans certains échantillons, jusqu’à dix résidus différents ont été détectés.

En moyenne, plus de la moitié des tomates marocaines et 80 % de celles d’Espagne présentent plusieurs résidus, contre seulement 15 % des françaises. Si l’on se concentre sur les substances considérées comme dangereuses pour la santé, environ 40 % des tomates importées sont concernées, contre seulement 6 % pour les françaises. Parmi les produits les plus problématiques figurent certains insecticides soupçonnés d’impacts sur les abeilles et la santé humaine, ainsi que des fongicides persistants potentiellement cancérigènes.

 

Les conséquences pour la santé, l’environnement et l’économie

 

Une exposition répétée aux pesticides peut provoquer des troubles hormonaux, des effets neurologiques et augmenter le risque de cancers. Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. Les conditions de travail dans certaines exploitations agricoles sont également préoccupantes : les ouvriers peuvent être mal protégés, sous-payés et exposés aux produits chimiques sans équipement adéquat.

L’environnement souffre aussi de l’usage intensif de pesticides, avec des sols et des nappes phréatiques pollués, un déclin des insectes pollinisateurs et un déséquilibre des écosystèmes. Sur le plan économique, certains producteurs français dénoncent une concurrence déloyale, tandis que la confiance des consommateurs dans les produits importés peut être fragilisée.

 

Des solutions et alternatives

 

Pour réduire les risques, il est essentiel de renforcer les contrôles aux frontières et d’harmoniser les normes entre pays exportateurs et importateurs. Encourager une agriculture plus propre, biologique ou intégrée, et former les producteurs à un usage raisonné des pesticides sont également des pistes importantes.

Du côté des consommateurs, il est conseillé de privilégier les tomates locales et de saison, de bien laver et éventuellement d’éplucher les fruits, et de se tourner vers les labels fiables. Le label Agriculture Biologique reste la garantie la plus stricte, tandis que les circuits courts, les marchés de producteurs et les AMAP offrent des produits plus transparents. Les labels Label Rouge et Tomates de France garantissent une production respectueuse de l’environnement et des contrôles qualité stricts.

 

L’exemple de l’Occitanie

 

En Occitanie, la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) intensifie les contrôles sur l’origine des produits alimentaires pour éviter les fraudes. La région soutient également l’agriculture locale grâce à la marque Sud de France et à la centrale d’achat Occit’alim, qui fournit lycées et collectivités avec des produits régionaux, bio et labellisés. Les coopératives agricoles œuvrent par ailleurs pour réduire l’usage des pesticides et développer l’agroécologie.

 

Conclusion

 

La présence de résidus de pesticides dans les tomates espagnoles et marocaines est un défi pour la santé publique et l’environnement. Si leur élimination complète reste difficile, il est possible de réduire l’exposition grâce à des normes plus strictes, une coopération internationale et des choix de consommation responsables. En novembre, lorsque les tomates françaises se font rares, privilégier les produits locaux et de saison reste le meilleur moyen de protéger sa santé tout en soutenant une agriculture durable.

 

A propos de l’UFC Que-Choisir de Sète

 

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