L'UE impose des règles strictes sur l'intelligence artificielle

24 mai 2024 à 14h56 par François-Xavier Delacoux

L'Union européenne a adopté l'AI Act, premier règlement global sur l'intelligence artificielle, mercredi à Bruxelles. Ce texte vise à réduire les risques et encadrer l'usage de l'IA. Il imposera des amendes sévères aux contrevenants dès mai prochain, impactant entreprises européennes et mondiales.

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L’Union européenne a officiellement adopté l'AI Act, le premier règlement mondial complet sur l'intelligence artificielle. Les membres du Parlement européen (MPE) ont largement approuvé cette régulation mercredi, avec 523 voix pour, 46 contre et 49 abstentions.

AI Act : Une Référence Mondiale

Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a exprimé sa satisfaction sur X, déclarant : « L’Europe est désormais un standard global en matière d'IA ». Cette affirmation a trouvé écho dans le monde technologique, bien que les réactions soient partagées. Les partisans saluent l’initiative de réduire les risques liés à l'IA, tandis que les détracteurs craignent que ces règles n'entravent l'innovation.

Enza Iannopollo, analyste chez Forrester, a qualifié l'adoption de la loi de « début d'une nouvelle ère de l'IA ». Elle a ajouté : « Que cela plaise ou non, avec cette régulation, l'UE établit le standard 'de facto' pour une IA fiable, la mitigation des risques et une IA responsable ».

Impact et Mises en Œuvre

Le timing de l’UE a également surpris. Initialement prévu pour le mois prochain, le vote a été avancé en raison de l'évolution rapide de la technologie. Iannopollo explique : « Ils reconnaissent que la technologie et son adoption évoluent si rapidement qu'il n'y a pas de temps à perdre, surtout en l'absence d'un cadre alternatif ».

Bien que cette loi soit européenne, elle s’applique aux entreprises du monde entier opérant dans le bloc. Les infractions peuvent entraîner des amendes allant jusqu'à 7 % du chiffre d'affaires mondial de l'entreprise, une mesure qui inquiète les grandes entreprises technologiques, bénéficiant d'une régulation plus clémente aux États-Unis. De nombreuses entreprises européennes craignent également que le secteur technologique du continent ne soit encore plus distancé par ses concurrents américains et chinois.

Pour répondre à ces préoccupations, l'AI Act divise les applications en différentes catégories de risque. Les règles les plus strictes sont réservées aux systèmes à « haut risque », comme les voitures et les outils de maintien de l'ordre. Les déploiements jugés « inacceptables », tels que le scoring social, seront purement et simplement interdits.

Ces règles devraient entrer en vigueur en mai prochain. Iannopollo conseille aux organisations de constituer des équipes de conformité à l'IA dès que possible, avertissant : « Il y a beaucoup à faire et peu de temps pour le faire ».

L'adoption de l'AI Act par l'Union européenne marque un tournant décisif dans la régulation de l'intelligence artificielle, posant les bases pour une technologie plus sûre et responsable. Avec ce règlement, l'UE montre la voie et impose un cadre que d'autres régions du monde devront suivre.