Occitanie : « God Save The Bee », quand un apiculteur ingénieur décide de jouer les gardes du corps pour les abeilles
Lorsqu’on échange avec Alexandre Giora, on ne se doute pas forcément qu’il a passé des heures – raquette de badminton à la main – à défendre ses ruches comme d’autres défendent un filet de tennis. Et pourtant… Comme beaucoup d’apiculteurs confrontés au frelon asiatique, il a tout essayé : pièges artisanaux, systèmes en plastique, astuces trouvées sur les forums… Résultat : des milliers de frelons capturés, mais des colonies toujours affaiblies. Et c’est là que l’histoire devient intéressante. Car Alexandre n’est pas seulement apiculteur amateur : il est aussi ingénieur du vivant, entrepreneur, et cofondateur de Naturalink – une startup Toulousaine spécialisée dans une toute nouvelle génération d’intelligence artificielle… ultra-frugale, embarquée, et qui tourne sans cloud ni Wi-Fi. De quoi donner des idées.
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Quand la raquette ne suffit plus : le vrai problème du frelon asiatique
Le frelon asiatique, arrivé en France vers 2004, s’est aujourd’hui installé… durablement. Les entomologues sont formels : impossible désormais de l’éradiquer.
Et si tu n’es pas apiculteur, tu te demandes peut-être pourquoi ce frelon pose un tel souci.
Ce n’est pas seulement parce qu’il mange les abeilles.
C’est surtout parce qu’il les terrorise.
Dix frelons en vol stationnaire devant une ruche suffisent à bloquer totalement la colonie. Les abeilles n’osent plus sortir, elles cessent de butiner, la nourriture s’épuise… et la colonie finit par s’effondrer. Même si le frelon n’attrape « que » quelques abeilles, le mal est fait : c’est le stress qui va finalement leur faire le plus de mal.
Alexandre résume ça très simplement :
« Le but n’est pas de tuer les frelons. Le but, c’est de redonner de la sérénité aux abeilles. »
Et c’est cette idée qui va donner naissance à God Save The Bee.
Naturalink : quand l’IA devient mini, locale… et utile
Avant même de parler d’abeilles, il faut comprendre ce que fait Naturalink.
La startup développe une intelligence artificielle neuromorphique : autrement dit, un modèle inspiré du fonctionnement des neurones, capable de tourner sur une toute petite carte électronique, avec 97 % de ressources en moins qu’une IA classique.
Pas de cloud.
Pas de connexion internet.
Pas de gros ordinateur.
Juste un microcontrôleur et un panneau solaire.
Et ça change tout. Parce que pour détecter un frelon asiatique en temps réel à l’entrée d’une ruche… il n’existait aucune solution légère et autonome. Jusqu’à maintenant.
God Save The Bee : une muselière électrifiée… mais intelligente
Le dispositif imaginé par Alexandre n’est pas un gadget futuriste ou un piège de plus.
C’est un mix malin entre deux solutions que connaissent les apiculteurs :
- la muselière (un cadre posé devant la ruche),
- la harpe électrique (deux fils qui neutralisent les frelons lorsqu’ils passent entre).
La différence ?
Le courant n’est envoyé que lorsqu’un frelon asiatique est détecté par l’IA.
Le reste du temps, l’appareil reste neutre :
- pas de danger pour les abeilles
- pas de risque pour les papillons
- pas d’impact sur la biodiversité
- pas d’énergie gaspillée
Tout se passe en local : la caméra et les capteurs sonores analysent la silhouette, le vol, le bourdonnement… et activent le système uniquement si la menace est réelle.
Le frelon a alors deux options :
- Il comprend qu’il y a du courant, et donc il reste à distance. (Dans 90 % des cas, ça suffit.)
- Ou il insiste, et là, l’arc électrique le neutralise.
Des premiers tests bluffants… jusqu’en Indonésie
Alexandre raconte que la première fois qu’il a installé la muselière sur une ruche infestée, il a fallu… 15 minutes.
15 minutes pour que la première abeille-sentinelle sorte, teste l’air, donne le signal… et que tout le monde se remette au travail comme en plein mois de juin.
Mais l’automne passe vite en France.
Alors pour poursuivre les tests, un des associés est parti… en Indonésie. Là-bas, le frelon asiatique est actif toute l’année. Et avec une petite carte SIM intégrée dans les prototypes, ils peuvent même suivre en direct les détections depuis une appli. Le rêve de tout geek-apiculteur.
Les résultats ? Très encourageants.
Et les précommandes ont déjà commencé à affluer. Plus d'une centaine pour l'instant selon le fondateur Toulousain. Idéalement, ces précommandes doivent être passées avant la fin du mois de mars 2026.
Un prix pensé pour tous les apiculteurs
Lorsque l’on entend « intelligence artificielle », on pense tout de suite « solution hors de prix ».
Mais Alexandre est apiculteur lui-même. Il sait ce que coûte un essaim (entre 100 et 150 €), et ce que ça représente quand on en perd plusieurs chaque année.
Résultat :
- 39 € pour le boîtier seul
- 49 € pour la muselière complète
- et des remises pour les achats groupés
Un tarif volontairement accessible pour que l’innovation ne reste pas dans les laboratoires, mais arrive réellement sur les ruchers.
Une fabrication simple, durable et autonome
God Save The Bee, c’est aussi :
- du bois et des matériaux durables
- un fonctionnement 100 % solaire
- aucune maintenance
- aucune connexion internet
- une IA embarquée, non générative, utilisée uniquement pour reconnaître un insecte
En somme : une technologie responsable, utile, et parfaitement alignée avec la philosophie de l’apiculture.
Et maintenant ?
Le dispositif entre en production, avec une livraison annoncée pour l’été 2026. Les précommandes financeront l’industrialisation et permettront d’équiper un maximum d’apiculteurs dès la première saison.
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Journaliste et chroniqueur pour RTS FM, possède une solide expérience dans les domaines des sorties, de la nature et de l'environnement. Issu de l’univers de la communication et de la radio, il a développé une expertise en animation d’émissions, réalisation de podcasts, interviews et reportages. Ancien chargé de communication, il a travaillé pour des médias tels que Grand Sud FM et RCF avant de devenir consultant indépendant. Son parcours est enrichi par une formation en communication et technologies de l'information, ainsi qu'en techniques de réalisation radio. Secteurs préviligiés : Sortie, Nature, Environnement, Culture, Social, Divertissement
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