Le Théâtre Henri Maurin, un siècle de culture à Marseillan

Le Théâtre Henri Maurin n’a jamais cessé de jouer son rôle. Dans une époque où les repères vacillent, il incarne une fidélité rare aux émotions partagées. Et tant que la lumière s’allumera sur sa scène, Marseillan continuera de croire à la beauté du spectacle vivant. Découvrez l'histoire du Théatre Henri Maurin dans un nouvel épisode du Istoria Marseillan.

Théâtre Henri Maurin

Un théâtre pour faire rêver Marseillan

À la veille de la Première Guerre mondiale, Marseillan connaît un développement remarquable. Port actif, ruelles animées, jeunesse bouillonnante… Dans cette effervescence, Jean Bertouy, maire déterminé, imagine un véritable théâtre. Pas une salle polyvalente : un écrin pour les arts vivants. Le projet débute, freiné aussitôt par la guerre. Mais en 1921, le rideau s’ouvre enfin sur un théâtre à l’italienne, dont la première ambition reste intacte : faire vibrer les cœurs et rassembler les habitants autour du spectacle vivant.

De Molière aux bobines de cinéma

Les premières décennies du théâtre sont marquées par une intense activité artistique. Troupes en tournée, opérettes populaires, comédies de Feydeau… Les Marseillanais se pressent pour applaudir, rire ou s’émouvoir. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France chancelle, le théâtre devient un refuge. Les artistes du Sud, exilés ou repliés, trouvent sur cette scène un espace de résistance culturelle. La parole ne cède pas.

À partir des années 1950, le cinéma s’invite entre les murs sans effacer le théâtre. Jusqu’à cinq séances hebdomadaires s’ajoutent aux fêtes scolaires, pièces locales et galas. Le théâtre devient un carrefour culturel, un lieu de tous les arts et de toutes les générations.

Henri Maurin, l’homme et l’âme

Dans les années 60, un nom s’impose : Henri Maurin. Pharmacien dévoué, il soigne les corps mais touche aussi les âmes. Passionné de théâtre, il fonde le Groupe Artistique Marseillanais, écrit, dirige, mobilise. Sous sa houlette, les talents locaux s’embrasent. Il devient maire de Marseillan de 1963 à 1973, mais c’est sur scène, dans l’ombre des coulisses, qu’il imprime sa marque la plus durable.

À sa mort en 1978, une page se tourne. En 1998, son nom devient officiellement celui du théâtre. Un hommage naturel, accepté comme une évidence par la population. Car Henri Maurin n’a jamais quitté les lieux : son esprit habite encore les planches, entre les fauteuils rouges et le rideau de velours.

Restaurer sans trahir

Face à l’usure du temps, le théâtre aurait pu disparaître. Certains proposaient une rénovation totale, plus fonctionnelle, plus moderne. Mais les Marseillanais ont dit non. Pas question de gommer les moulures, de raser le balcon. Le bâtiment est restauré avec respect. En 2021, pour son centenaire, une fête de trois jours rappelle à tous qu’il ne s’agit pas d’un vestige mais d’un acteur vivant de la vie culturelle locale.

La saison actuelle en témoigne : la programmation mêle théâtre engagé, spectacles jeune public, concerts et comédies. La salle se remplit, le public répond. Les voix d’hier dialoguent avec les rêves d’aujourd’hui.

Un théâtre, une mémoire collective

Le Théâtre Henri Maurin est plus qu’un édifice. Il incarne l’âme de Marseillan. Il est le fil rouge de générations entières, un lieu où l’on vit ses premières émotions de spectateur, où l’on revient encore et encore, parce qu’on y trouve une part de soi. La salle, à la fois majestueuse et intime, continue de faire battre le cœur de la ville au rythme des applaudissements.

À Marseillan, quand le rideau s’ouvre, ce n’est pas qu’un spectacle qui commence. C’est toute une ville qui se rassemble.

Publié : 20 août 2025 à 9h48 par

Passionné d'animation depuis l'âge de 14 ans, a pris les commandes de la matinale d'RTS à seulement 19 ans, poste qu'il a occupé pendant 13 ans. Après des études de sciences économiques à Montpellier, il occupe plusieurs postes chez RTS, devenant successivement responsable d'antenne, animateur, responsable technique. Aujourd'hui directeur général de la radio et de la régie publicitaire RTS Communication, il est également directeur de publication, avec une spécialisation dans l'actualité high-tech, économique et environnementale. Secteurs préviligiés : High-Tech, IA, Economique, Environnement