Les Cryptomonnaies : Révolution financière ou mirage risqué ?

Une révolution monétaire en marche

 

Depuis plus d’une décennie, les cryptomonnaies bousculent les fondements traditionnels de la finance mondiale. Présentées tantôt comme une innovation libératrice, tantôt comme une bulle spéculative risquée, elles intriguent autant qu’elles inquiètent. Pour Daniel Deswel, conseiller litige à l’UFC Que Choisir de Sète, "il ne s'agit pas seulement d'une nouvelle façon de payer, mais d’un écosystème complet qui redéfinit la confiance, la transparence et la souveraineté monétaire".

 

Comprendre la cryptomonnaie : un monde sans pièces ni billets

 

Contrairement à l’euro ou au dollar, la cryptomonnaie n’a pas de support physique. Elle n’est ni imprimée par une banque centrale, ni indexée sur un actif tangible. Elle est entièrement numérique et repose sur des protocoles de cryptographie avancée pour sécuriser les transactions. Le socle de ce système : la blockchain. Il s’agit, pour reprendre l’expression de Daniel Deswel, de "l’équivalent d’un grand registre numérique, inviolable et public, où chaque transaction est inscrite de manière indélébile".

Dans cet univers, il n’y a pas de caissier, pas de billetterie, ni même de bureau de change. Les transactions sont validées par des milliers d’ordinateurs interconnectés. Ce sont eux, appelés mineurs ou validateurs selon les systèmes, qui assurent l’intégrité des échanges.

 

Des monnaies en pleine prolifération

 

À ce jour, on dénombre plus de 15 000 cryptomonnaies en circulation. Parmi les plus connues figurent le Bitcoin – souvent qualifié d’or numérique – dont le prix avoisine les 93 000 €, suivi par l’Ethereum, qui s’échange autour de 2 296 €, ou encore le BNB, le Solana et le Dogecoin, cette crypto à l’effigie d’un chien devenue virale. "Le foisonnement des cryptomonnaies est tel qu’il devient difficile de suivre l’évolution des plus petites, souvent créées sans réel projet sous-jacent", avertit Daniel Deswel.

 

Quels usages pour le consommateur ?

 

Initialement conçues pour permettre des paiements anonymes et sécurisés sur internet, les cryptomonnaies ont vu leur usage se diversifier. Elles servent aujourd’hui :

• À payer certains achats en ligne ou physiques dans des commerces qui les acceptent,
• À transférer de l’argent à l’étranger de manière rapide et économique,
• À financer des projets via des levées de fonds (ICO),
• Mais surtout, à spéculer, avec l’espoir de vendre plus cher qu’on a acheté.

Daniel Deswel insiste : "Pour beaucoup, l’intérêt principal des cryptos n’est plus transactionnel mais spéculatif. Et c’est là que commencent les véritables dangers."

 

Une promesse d’indépendance… mais à quel prix ?

 

L’un des attraits majeurs des cryptomonnaies réside dans leur décentralisation. Elles échappent aux circuits bancaires traditionnels, ne sont soumises à aucune autorité centrale, et permettent à quiconque disposant d’une connexion internet d’y accéder. Cette autonomie a séduit de nombreux particuliers désireux de reprendre le contrôle de leur argent.

Cependant, cette liberté s’accompagne de risques considérables. Le marché est notoirement volatile : "La valeur d’une cryptomonnaie peut doubler en une semaine, puis s’effondrer le lendemain. Ce n’est pas une monnaie, c’est une montagne russe", rappelle le conseiller UFC.

À cela s’ajoutent les risques de piratage, les pertes de mots de passe – parfois irréversibles – et la prolifération des escroqueries, qui exploitent l’engouement populaire pour piéger les novices.

 

La cryptomanie : entre addiction et ruine

 

À mesure que le phénomène prend de l’ampleur, une nouvelle forme d’addiction apparaît : la cryptomanie. Certains utilisateurs consultent frénétiquement les cours, investissent compulsivement, et en viennent à négliger leur vie personnelle et professionnelle.

Les conséquences sont parfois dramatiques : dettes, isolement, troubles anxieux, voire effondrement psychologique. "Ce n’est plus seulement une question de finance, mais de santé mentale", s’inquiète Daniel Deswel, qui a vu plusieurs dossiers de consommateurs sombrer après des pertes importantes.

 

Investir dans la cryptomonnaie : une décision à haut risque

 

La question revient souvent : faut-il investir dans les cryptos ? La réponse de l’UFC Que Choisir est nuancée. Il est théoriquement possible de faire fortune, mais la majorité des investisseurs particuliers essuient des pertes.

"Il faut traiter les cryptos comme on le ferait avec un ticket de loto : avec modération, et en connaissance de cause", résume Daniel Deswel. Car oui, il est aussi possible de tout perdre, que ce soit par effondrement de la valeur, piratage de la plateforme, ou simple erreur humaine (perte de la clé privée d’accès au portefeuille).

 

Acheter ses premières cryptos : mode d’emploi

 

Pour acheter des cryptomonnaies, il faut passer par une plateforme d’échange. Les plus connues sont Binance, Coinbase ou Kraken. En France, des services comme StackinSat ou Feel Mining se développent également.

Il faut créer un compte, prouver son identité, déposer des fonds (par carte, virement ou PayPal), puis acheter ses premières cryptos. Elles peuvent être stockées sur la plateforme ou, de façon plus sécurisée, dans un portefeuille personnel.

Mais attention : toute détention de cryptomonnaie doit être déclarée aux impôts, en particulier si l’on ouvre un compte à l’étranger ou que l’on réalise des plus-values. Depuis 2023, celles-ci sont taxées à 30 %, sauf si elles sont inférieures à 305 € sur l’année.

 

L’envers du décor : arnaques, cyberattaques et faux espoirs

 

Le secteur des cryptomonnaies est une terre fertile pour les escrocs. Piratages, fausses plateformes, clones d’applications, promesses de gains, faux "airdrops", escroqueries sentimentales : les pièges sont nombreux.

"Les escrocs exploitent la crédulité et l’appât du gain. Ils savent que les utilisateurs sont mal informés et peu protégés juridiquement", souligne Daniel Deswel.

En cas de fraude, les recours sont limités. Il faut porter plainte, signaler à l’AMF et à Pharos, et éventuellement se rapprocher d’une association de consommateurs pour être accompagné.

 

La régulation : enfin un cadre en construction

 

Face à ces dérives, l’Union européenne a adopté le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en vigueur fin 2024. Il impose aux plateformes une licence, une transparence accrue, et des obligations en matière de lutte contre le blanchiment.

En France, les prestataires doivent désormais s’enregistrer auprès de l’AMF en tant que PSAN (prestataires de services sur actifs numériques). Depuis février 2025, le décret n° 2025-169 impose des contrôles renforcés et une supervision accrue.

"La régulation est indispensable pour rassurer les utilisateurs et assainir le marché. Mais elle arrive tardivement", regrette Daniel Deswel.

 

Le mot de la fin : prudence, vigilance et information

 

La cryptomonnaie n’est ni une arnaque généralisée, ni une utopie financière. C’est un outil, puissant, mais instable, qui demande maturité et lucidité. Pour Daniel Deswel, la clé reste l’éducation : "Les cryptomonnaies ne sont pas à bannir. Mais elles doivent être comprises, surveillées et encadrées. Le rôle des associations comme la nôtre est de prévenir les dérives, et de défendre les consommateurs qui tombent dans les pièges".

En somme, avant d’investir dans la blockchain, investissez dans la connaissance.

 

A propos de l’UFC Que-Choisir de Sète

 

L’UFC-Que Choisir est une association créée en 1951 avec une mission : informer, conseiller et défendre les consommateurs. Que ce soit pour le logement, les assurances, la santé ou d’autres sujets, ils sont là pour vous aider !

Victime d’une arnaque ? Besoin d’un conseil ? Contactez l’antenne la plus proche. À Sète, l’UFC-Que Choisir du Bassin de Thau est joignable :

Par téléphone au 04 30 41 53 30 ou par mail contact@sete.ufcquechoisir.fr

Horaires d’ouverture :

• Lundi après-midi : 14h - 16h30
• Mardi au vendredi : 9h - 11h30

Des permanences sont aussi organisées à Agde, Mèze, Balaruc-les-Bains, Poussan et Frontignan. Profitez-en pour poser toutes vos questions !